
C'était il y a 9 ans jour pour jour. Le 16 août 2005, le crash d'un avion de la West Caribbean Airlines, en provenance du Panama et à destination de Fort-de-France, coûtait la vie à 160 personnes dont 152 martiniquais.
Selon le rapport officiel, l'appareil a rencontré sur sa route une zone de formation de nuages de type stratocumulus avec de fortes précipitations. Ce même rapport indique que la vitesse de l'avion a progressivement diminué jusqu'au décrochage. L'appareil a continué de perdre de l'altitude jusqu'au point d'impact avec le sol, non loin du village de Machiques au Venezuela.
En Martinique, l'annonce de cette nouvelle a plongé tout un pays dans le choc et l'incompréhension. Une blessure profonde, qui peine à se refermer : neuf ans après, de nombreuses questions se posent encore sur ce dramatique accident.
Le capitaine Philippe Molé dirige actuellement les enquêtes judiciaires françaises sur la disparition du vol de la Malaysian Airlines (MH370) et de l'accident du vol Swift Air/Air Algérie AH5017 au Mali. Il était à l'époque commandant de la brigade Gendarmerie des Transports Aériens de l'aéroport du Lamentin et c'est lui qui a dirigé l'enquête judiciaire sur l'accident de la West Caribbean Airlines.
« On se pose encore aujourd'hui beaucoup de questions sur ce crash, où en est l'enquête ? »
« Pour nous - enquêteurs judiciaires - l'enquête s'est terminée avec des certitudes sur les causes de l'accident, elles sont factuelles et démontrées. Elles sont totalement expliquées et corroborés par trois enquêtes qui ont été menées parallèlement et indépendamment par, le BEA du Venezuela assisté du BEA français dans le cadre de l'enquête de sécurité, par les experts de justice et par les gendarmes des transports aériens pour l'enquête judiciaire. Les trois enquêtes ont les mêmes conclusions et font apparaître les mêmes fautes. L'enquête judiciaire, dont c'est la finalité pointe en plus, du doigt les responsabilités. »
"Récemment, dans des circonstances à peu-près similaires, sur un appareil du même type, un nouveau drame s'est produit causant cette fois-ci la mort de 116 personnes - dont 54 français - en Afrique. Il y a-t-il des leçons à en tirer pour améliorer la sécurité des voyageurs aériens d'une manière générale ?"
« On peut dire qu'il y a des similitudes entre les deux accidents mais il est beaucoup trop tôt pour en tirer des conclusions car comme dans le cas de la West, il faut travailler techniquement sur les enregistreurs et les données obtenus dans 5 pays différents. Toutes les hypothèses - hormis l'attentat - restent plausibles. Les avions sont de plus en plus sûrs mais le facteur humain reste souvent le maillon faible de la chaîne de l'accident. »
Le 16 août 2005 est une date qui reste encore vive dans les mémoires des martiniquais. « Je m'en souviens comme si c'était hier » nous a confié Chantal les yeux embués de larmes. « Tout au long de l'année je n'y pense pas mais quand la date arrive j'ai un pincement au cœur » enchaîne Raphael.
Se souvenir… en chanson
Afin de perpétuer le souvenir, une chanson écrite par Serge Bilé et intitulée« On n'oublie pas » rappelle - sur des notes de zouk - la souffrance qui avait submergé la Martinique au moment du crash. À l'initiative de ce projet, l'Association des Victimes de la Catastrophe Aérienne du 16 août 2005 qui s'est entourée pour l'occasion de nombreuses personnalités : Jocelyne Béroard, Tanya Saint-Val, Alpha Blondy, Harry Roselmack, Suzy Trébeau, Léa Galva, Valérie Louri, Admiral T, Chris Combette, Jean-Luc Guanel, Jean-Marie Ragald, Danielle René-Corail et Corie.
Les profits tirés de la vente de cette chanson serviront à aider les familles des victimes toujours engagées dans un procès.






Crédits photos : Gendarmerie Nationale